Après avoir lu cette interview, vous ne regarderez plus vos pâtes de la même manière ;)
Iris, la fabrique de pâtes la plus écologique d'Europe
https://terraevita.edagricole.it/biologico/iris-il-pastificio-piu-ecologico-deuropa/
"Nous espérons que dans les années à venir, nous pourrons vendre plus en Italie, car faire voyager nos produits n'est pas respectueux de l'environnement", explique l’associé fondateur Maurizio Gritta. Le congrès biodynamique qui se tiendra à Florence du 27 au 29 février portera sur le renforcement de la chaîne d'approvisionnement du producteur au consommateur pour permettre un revenu équitable à ceux qui travaillent dans le respect des cahiers des charges.
Le projet Iris est né en 1978 d'un groupe de neuf jeunes, cinq filles et quatre garçons, âgés de 16 à 23 ans. C'étaient des enfants d’ouvriers, principalement agricoles, qui faisaient partie du même groupe d'amis, unis par le désir commun de travailler dans l'agriculture, avec l'idée, dès le départ, que la terre devait être une propriété collective gérée durablement et qu'il devait y avoir une relation directe avec le consommateur.
Maurizio Gritta
“Pour nous, la terre, l'eau et l'air ne doivent pas avoir de maîtres car ils sont les principaux biens de subsistance de toutes les espèces vivantes - explique Maurizio Gritta, associé fondateur et président d'Iris -. En fait, c'est la coopérative qui est propriétaire du terrain. Le statut précise: Iris est une société coopérative agricole à propriété collective qui vise à obtenir, par la gestion des terres, la continuité de l'emploi des jeunes des deux sexes intéressés par le secteur agricole et le développement de l'agriculture avec la méthode biologique...”.
Le projet
Le projet embryonnaire d’Iris prévoyait déjà une organisation structurée avec une coopérative agricole, “la mamma”, officiellement fondée en 1984, qui détient le terrain et la marque; une société commerciale, Astra Bio srl (1999), contrôlée à 100% par la Coopérative, qui s'occupe de la transformation et de la commercialisation des produits Iris et, enfin, la Fondation (2010), « créée pour soutenir les biens communs air, eau, terre, savoir », qui font partie des initiatives culturelles et sociales du groupe. Une organisation en ligne avec la Tri-articulation, le modèle social créé par Steiner, dans lequel les trois sous-systèmes, économique, juridique et culturel, autogérés et relativement autonomes, s'équilibrent mutuellement.
« Nous avons grandi conscients de la valeur de la terre, ici dans la vallée du Pô, où même un coin de rue est cultivé et où il y a l'agriculture industrielle la plus forte - dit Gritta -. Nous sommes situés entre le Pô et l'Oglio, deux des plus grands fleuves d'Italie, dans un sol très fertile. Mon père était analphabète et travaillait comme fermier chez un maître qui le payait en partie en argent et en partie en nous laissant un bout de terrain à cultiver comme potager. Quand j’étais petit j’ai demandé à mon père pourquoi il n’utilisait pas les produits chimiques qu’utilisait son voisin. Il a répondu “parce que ce que je cultive ici, mes enfants le mangent et je le mange”. Il était très important pour nous de pouvoir démontrer que, même dans notre contexte, il était possible de faire une agriculture différente et plus respectueuse de l'environnement. C'est pourquoi nous n'avons jamais voulu utiliser d'engrais chimiques et d'herbicides ».
Un pionnier de la bio
“Nous avions des idées claires mais la personne qui nous a aidés à
les développer concrètement était Ivo Totti”. De nombreuses entreprises italiennes biologiques et
biodynamiques doivent beaucoup à Ivo Totti, agronome et pionnier de l'agriculture biodynamique et biologique, décédé en 1993. “Lui et mon père avaient ce
don: la simplicité pour transmettre les connaissances essentielles dans la bonne direction”. Derrière le dos de Maurizio, encadrée et accrochée au mur, il y a une phrase d'Ivo Totti:
« Il ne peut pas y avoir de véritable conversion d’une exploitation à l'agriculture biologique si le remplacement des engrais et pesticides de synthèse par des produits naturels n’est
pas accompagné d’une profonde transformation de la mentalité de l'agriculteur (Ivo
Totti) ».
La nouvelle fabrique de
pâtes
“Grâce à ses enseignements, nous avons immédiatement commencé à gérer notre activité en appliquant les principes et techniques de la biodynamie, également parce qu'à cette époque la réglementation biologique européenne, approuvée seulement en 1991, n'existait pas encore”.
Augmentation de la fertilité
Les cultures, sur les 40 hectares gérés par la Coopérative, ont une destination céréalière / horticole et subissent une rotation de 5 ou 7 ans.
“Notre engagement est d'essayer d'augmenter la fertilité des sols. Les rotations sont fondamentales. De plus, nous pratiquons la jachère en semant des engrais verts, soit un mélange de graines qui, lorsque les inflorescences fleurissent, sont coupées et enfouies en deçà des 20 premiers centimètres du sol, en l'enrichissant ainsi de matière organique. En plus de cette fertilisation de base, nous intégrons du fumier ou de l'humus, en particulier dans les cultures gourmandes en azote. Nous traitons également nos légumes à la propolis, obtenant ainsi d'excellents résultats”.
La Coopérative cultive du blé dur et du blé tendre, de l'épeautre, du sarrasin, du millet, de l'orge de café
et diverses variétés de légumes. Tous certifiés biologiques et biodynamiques. “Pour nous, cependant, le produit a toujours été une conséquence du respect
de la nature et de la récupération de la biodiversité”.
Et cette approche a porté ses fruits, puisque depuis les 9 premiers fondateurs, la coopérative compte désormais 630 membres/associés.
Autofinancé et durable
En 2012, l'assemblée générale a émis des actions mutualistes comme outil d'autofinancement pour la construction d'une usine de pâtes éco-durables et a réussi à lever 7 millions d'euros pour la construire. Aujourd'hui, à Casteldidone, une très petite ville de la province de Crémone, il y a l'usine de pâtes bio d'Iris qui produit environ 112 000 quintaux de pâtes biologiques et biodynamiques en un an.
C'est l'usine de pâtes la plus écologique d'Europe, construite selon les principes de la construction
biosourcée, en bois, acier, verre, chanvre et carreaux d'argile cuits dans des fours locaux. L'ensemble de l'usine, grâce aux panneaux
photovoltaïques des toitures, est alimenté par des énergies renouvelables. Il y a une phyto-épuration de l'eau et des fenêtres d'où les gens, tout en travaillant, peuvent voir le village
médiéval. Cette infrastructure est aussi une propriété collective, financée par tous les épargnants qui partagent les valeurs d'Iris. Et les intérêts de ces actions mutuelles sont remboursés en
partie en argent (intérêt de 2% brut) et en partie en produits alimentaires.
“La réalité d'Iris représente désormais une chaîne d'approvisionnement composée d'agriculteurs et de transformateurs biologiques et biodynamiques et d’associés consommateurs, répartis dans toute l'Italie. Cette chaîne d'approvisionnement repose sur un élément très important: le respect du revenu de l'agriculteur. Avec nos associés agriculteurs, nous concluons les contrats de semis, en fixant les paramètres de qualité et de prix. Le retrait et le prix minimum sont donc garantis, avec une récompense si les critères de qualité sont atteints”.
Certification internationale
Les produits Iris sont vendus dans le monde entier, et les nombreuses certifications obtenues en sont la preuve. En plus de la certification européenne pour le bio et de Demeter pour la biodynamie, les organisations du groupe Iris bio sont également certifiées:
- BRC (Global Standard for Food Safety) qui garantit que les produits sont obtenus en respectant les normes de sécurité alimentaire tout au long de la chaîne d'approvisionnement, une condition préalable nécessaire pour pouvoir exporter leurs produits et un outil de garantie de la fiabilité des entreprises,
- IFS (International Food Standard), une certification alimentaire développée par les opérateurs de la grande distribution en France, en Allemagne et en Italie, dans le but de garantir la qualité et la sécurité des aliments,
- la spécification JAS (Japanese Agricultural Standard), obligatoire pour exporter et commercialiser des produits biologiques au Japon,
- l’enregistrement FDA requis pour exporter des aliments aux États-Unis,
- la certification OFDC (Organic Food Development and Certification Center of China)
- et la certification volontaire SGS et EBS ; cette dernière, en
particulier, concerne la certification du bilan du bien commun, un instrument qui met en évidence la contribution des entreprises en termes de dignité
humaine, d'équité et de solidarité, de durabilité environnementale, de justice sociale et de cogestion démocratique.
Nous avons besoin de plus d'unité au sein de la filière
“Nous espérons pouvoir, dans les années à venir, vendre plus en Italie, car faire voyager nos produits n'est pas écologiquement durable.
La salade que nous vendons au Danemark nous est payée deux fois plus qu'en Italie et malgré cela le prix que le consommateur danois paie pour cette salade est plus bas que ce que vous payez en Italie.
Photo de groupe à l'usine de pâtes Iris
Sur le marché italien, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas et qui a tendance à écraser l'agriculteur et le consommateur, les maillons les plus faibles de la chaîne. Le problème est que nous ne sommes pas unis, mais je pense que le point fort de l'union entre producteurs bio et consommateurs devrait être le fait que les deux ne veulent plus que la terre soit empoisonnée”.
Le congrès de l’agriculture biodynamique à Florence
La prochaine occasion de renforcer cette union sera le Congrès international de l'agriculture biodynamique qui se tiendra à Florence du 27 au 29 février. Le congrès sera retransmis en direct via www.agricolturabio.info.
Qui y a-t-il dans un paquet de pâtes ? De l’eau, de la semoule et deux histoires !
La première, c’est celle des paysans qui ont cultivé ce blé et de ceux qui l’ont transformé en pâtes ; la seconde c’est l’histoire de la relation entre ceux qui la produisent et ceux qui l’achètent. Deux histoires qui se rejoignent dans l’expérience de la coopérative IRIS de Cavaltone (province de Cremona), à mi-chemin entre Cremone et Mantoue, au cœur de la plaine du Po, la première fabrique de pâtes certifiée 100% bio d’Italie, qui cultive depuis 30 ans la terre, transforme la semoule et distribue les pâtes, partageant l’histoire et chaque «ride» avec les consommateurs.
L’histoire d’Iris commence en 1978, quand 5 jeunes filles et 4 garçons, impulsé par un pionnier de l’agriculture bio en Italie (Ivo Totti) décident de créer un espace agricole fondé sur le respect de la nature et le rapport direct entre consommateur et producteur. En 1984 nait à Vescovato la coopérative agricole biologique IRIS: 9 associés et un fonds de 5 hectares gérés collectivement, pour des céréales et légumes bio. En 1995 la coopérative commence à produire des pâtes, aidée par des laboratoires du coin. Puis en 2005 elle acquiert le fabriquant Nosari (créé en 1925) de Piadena (Cremone).
C’est le changement de vitesse : Iris sauve les 26 emplois et commence la « filière des paysans » du blé bio italien. Aujourd’hui les associés sont 36, les CDI 54 (dont 66% de femmes) et 28 ouvriers à la fabrique.
La qualité des pâtes est le résultat d’une attention particulière aux détails de la filière de production, à partir de la culture céréalière. Le blé dur est exclusivement italien, provient de terrains IRIS et de 670 hectares divisés en 62 petites entreprises agricoles de zones excentrées en Lombardie, Piémont, Maremme, Calabre et Sicile. Ce réseau de cultivateurs bio – la liste est sur le site – représente la richesse de la filière IRIS : Maurizio Gritta, un des fondateurs de la coopérative, et aujourd’hui président, l’appelle la filière des paysans. « Avec eux, nous avons mis sur pied un rapport de confiance réciproque, d’égal à égal ». Iris fournit les graines bios, obtenues chez eux et « libres », car « la propriété des graines est partagée avec nos paysans ». Même le prix est discuté collectivement : dans la filière IRIS, les cours de la Bourse du blé n’entrent pas en compte et la valeur du travail est discutée avec ceux qui cultivent la terre. Le résultat c’est que le prix final pour les agriculteurs est 30-40% de plus que les cours de marché : en 2011 IRIS payait le blé entre 37 et 43 € au quintal en fonction de la qualité du produit, un prix qui est resté fixe pendant toute l’année agricole.
« Les cours de marché changent d’une semaine sur l’autre, mais nous avons choisi d’établir avec les paysans un prix définitif pour tout l’année » explique Maurizio : un choix étique car – selon IRIS – les productions alimentaires doivent sortir de la Bourse pour devenir l’objet de tractations territoriales entre la demande et l’offre, faite « dans les champs », politiques de revendication de la dignité du travail des agriculteurs, qui ont des coûts fixes de production durant toute l’année et qui ne peuvent supporter les oscillations de la Bourse.
Le pacte entre IRIS et les petits paysans prévoit que la richesse créée reste le plus possible sur le territoire, pour que les petites entreprises agricoles puissent gérer directement les premières phases de transformation des céréales. C’est le cas de la coopérative Biolanga, qui depuis 2003 réunit 32 petits producteurs bio de la Vallée Uzzone (Cuneo) et qui, avec IRIS, a réussi à remettre en œuvre un moulin ancien de décortication de l’épeautre dans la Vallée, une activité qui maintient 3 emplois permanents. Les petits agriculteurs de ces zones excentrées (c.à.d. pas dans la plaine du Po) peuvent entrer dans le réseau IRIS, bénéficier de ses contacts et de son aide technique, dans un échange de savoir, mais la propriété reste dans leurs mains et la richesse dans leur territoire.
Cela signifie mutualité, un principe basé sur le choix de « rester petits », comme l’explique Maurizio : « Notre entreprise fonctionne en cycle fermé, basé sur une économie de la distribution du revenu qui fait voler en éclat le concept de la croissance pour économie d’échelle. Nous ne voulons acheter personne, mais plutôt transférer notre savoir pour renforcer l’indépendance des autres organisations / individus qui partagent les principes du mutualisme et du bien commun. »
En Janvier 2009, la filière IRIS a obtenu d’ICEA (Institut pour la Certification Ethique et Environnementale, www.icea.info) la certification 100% bio, un cas unique en son genre en Europe. Astra bio – une S.A. contrôlée à 100% par iris –, garantit le contrôle de la filière, vérifie la qualité et la traçabilité du produit par son lot de fabrication, jusqu’au champ de provenance. En 2011 Iris a produit 56m quintaux et demi de pâtes, en 168 format différents. Les céréales de la filière des paysans sont ensuite moulues dans le moulin bio le plus proche de la zone de culture – près d’Iris c’est le moulin à pierre Zapparoli, a Sermide (Mantova), le moulin Grassi de Parme, les moulins du Conero à Osima (Ancone) et les moulins De Vita a Casalnuovo Monterotaro (Foggia). Ensuite la semoule est emmenée à Piadena pour la transformation. « Le secret pour maintenir l’arôme de la semoule est de la mélanger à l’eau froide, lentement » explique Maurizio : le mélange ainsi obtenu est tréfilée au bronze et les pâtes sont séchées à basse température entre 12 et 36 heures, selon le format.
Mais bien travailler ne suffit pas : « Il faut aussi mettre le nez dehors, comme disaient nos ancêtres », c’est-à-dire construire une relation avec les consommateurs et avec d’autres expériences partageant des principes et des projets. Pour valoriser le rapport direct avec les consommateurs, Iris a choisi de ne pas entrer dans la grande distribution (GDO) : en Italie, les pâtes sont distribuées par les GAS (Groupes d’achat solidaires, pour lesquels un paquet de 500g de pâtes bio de blé dur coute environ 0,78€) et la vente dans les magasins spécialisés et les petites boutiques. Depuis 2012, on trouve les produits à marque Iris dans les boutiques du commerce équitable, grâce à un accord entre la coopérative agricole de Cavaltone et la coopérative sociale Libero Mondo de Roreto di Cherasco (www.liberomondo.org). Ce « pacte de solidarité » entre coopératives prévoit que les adhérents donnent 1,5% de leur chiffre d’affaire à la fondation Iris pour soutenir le sauvetage de la biodiversité dans l’agriculture : par exemple le catalogue des semences antiques et la création d’une banque partagée des semences, et les politiques sociales sur le terrain. Un projet partie « d’en bas », comme l’explique Maurizio, d’une idée de Iris qui a trouvé un écho chez les boutiques du commerce équitable, dans toute l’Italie. « Ce n’est pas seulement un accord commercial », explique Maurizio, « mais de la diffusion d’un produit solidaire et transparent dans son prix (en boutique, un paquet de 500g de pâtes bio de blé dur coute environ 1,25€), comme les autres produits que l’on peut trouver en boutique ». L’autre résultat de la relation avec le monde « extérieur » est la fondation Iris (http://www.irisfondazione.com) qui veut devenir dans les prochaines années un vrai espace de transition vers une économie respectueuse de la terre, un lieu de travail et de recherche qui rassemble des personnes de diverses provenances, des paysans jusqu’aux professeurs universitaires.
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